Si la France est un des rares pays d’Europe où les femmes ont pu accéder à l’emploi à temps plein dans les années 60, c’est en grande partie grâce à la mise en place d’un système d’accueil de la petite enfance : maternelle dès 3 ans, puis dès 2 ans, crèches collectives, jardins d’enfants, etc.
Lors de la conférence de la famille, en juillet 2000, le gouvernement de Lionel Jospin a mis en place des réformes concernant la famille et l’accueil des enfants : 1,5 milliard a été débloqué pour les crèches, soit 30 à 40 000 places supplémentaires. Le décret du 1er août 2000, par Ségolène Royal, ministre de la Famille, a rénové le cadre juridique concernant l’accueil des enfants de moins de 6 ans.
Mais l’essor des modes de garde collectifs qui ont un coût élevé pour les pouvoirs publics a été freiné. La France n’est plus un pays pilote en Europe : ainsi les pays scandinaves la devancent dans ce domaine.
Aujourd'hui la France compte 2,2 millions d’enfants de moins de 3 ans. 50 % sont gardés par leur mère (plus d’un million) et seulement 8 % sont accueillis dans des crèches collectives, parentales, ou familiales. La répartition actuelle n’est pas un choix des parents. Cela ne correspond pas à leurs préférences : selon une étude du CREDOC, 21% des parents désirent la crèche collective, et 60% des femmes qui gardent leurs enfants souhaiteraient travailler à l’extérieur.
La crèche collective dispose d’un taux d’encadrement élevé, d’un personnel qualifié, et d’une fonction éducative et sociale : elle socialise mieux que la garde individuelle. Elles ont des projets éducatifs, des activités d’éveil assurées, des principes d’éducation, dont le respect de l’autonomie et de la personnalité de l’enfant.
Il manque au moins 500 000 places en crèche. C’est une vraie menace pour le droit au travail des femmes, dans la mesure où les parents ne trouvent pas les moyens de faire garder leurs enfants. Il est urgent que la France, qui fut jadis une pionnière dans ce domaine, mette en place un service public de la petite enfance.